Iraniens et Américains avancent vers une ébauche d’accord

Iraniens et Américains avancent vers une ébauche d’accord
الاثنين 21 إبريل, 2025

Des experts des deux pays se réuniront à partir de mercredi à Oman, avant de nouvelles discussions, samedi, dans le sultanat.

Par Georges Malbrunot. Le Figaro

Après une première série de deux heures et demie de discussions « constructives », il y a dix jours à Oman, la dynamique semble rester positive, s’intensifiant même, si l’on en croit les réactions des deux parties, à l’issue des nouveaux échanges indirects sous médiation omanaise, samedi, à Rome, entre l’émissaire américain, Steve Witkoff, et Abbas Araghchi, le ministre des Affaires étrangères iranien. « Les négociations avancent, c’était une bonne réunion », a déclaré Abbas Araghchi, après quatre heures de pourparlers sur le délicat dossier du nucléaire iranien.

Des discussions techniques au niveau des experts auront lieu à partir de mercredi à Oman, pour préparer une troisième série d’échanges - indirectes encore - grâce à la médiation du ministre des Affaires étrangères omanais, samedi prochain à Mascate, la capitale du sultanat d’Oman. L’Iran et les États-Unis sont tombés d’accord pour commencer l’élaboration d’un cadre pour un potentiel accord nucléaire, a précisé le chef de la diplomatie iranienne, tandis qu'un officiel américain estimait que de très bons progrès ont été réalisés à Rome.

Même le très discret ministre des Affaires étrangères omanais, Badr al-Boussaïdi il a fait une nouvelle fois la navette entre les deux délégations installées dans deux pièces séparées de la résidence de l'ambassadeur du sultanat à Rome - a relevé que les discussions gagnaient en mouvement, ajoutant que maintenant, même le peu probable est possible, c'est-à-dire un accord. Mais quel accord?

Avant la rencontre de samedi, une dose d'incertitude demeurait sur les lignes rouges de chaque camp. La veille, Donald Trump répétait que l'Iran ne peut pas avoir l'arme nucléaire, mais restait vague sur la volonté américaine d'éliminer entièrement ou pas le programme d'enrichissement de l'uranium étape indispensable à la fabrication d'une bombe. Téhéran enrichit aujour d'hui à 60%, bien au-delà des 3,67% autorisés par l'accord international de 2015. «L'Iran n'est plus très loin de la bombe», a averti mercredi Rafael Grossi, le directeur de l'Agence internationale à l'énergie atomique, à l'issue de sa visite en Iran.

Téhéran rappelait, de son côté, ses exigences des garanties que le président américain ne se retire pas - comme en 2018 avec le précédent accord nucléaire international d'un prochain arrangement nucléaire, la levée des sanctions qui mettent à genoux son économie et le refus de détruire entièrement son programme nucléaire.

Freiner Netanyahou
Sur l'enrichissement, Téhéran ne veut pas descendre au-dessous du taux de 3,67% de l'accord de 2015, et refuse de démanteler toutes ses centrifugeuses. Les Iraniens ont également fait passer le message aux Américains que ceux-ci devaient freiner Benyamin Netanyahou, qui menace d'attaquer l'Iran. Le conseiller spécial du premier ministre israélien, Ron Dermer, après avoir vu vendredi à Paris Steve Witkoff, a fait le déplacement à Rome samedi pour s'entretenir avec l'émissaire de Donald Trump, une fois ses échanges avec les Iraniens terminés. Certains redoutent que le gouvernement israélien torpille l'accord en gestation.

Pour le médiateur omanais, les discussions en cours visent à parvenir à un accord équitable, durable et contraignant qui garantira un Iran sans arme nucléaire et sans sanctions, ainsi que le maintien de sa capacité à développer une énergie nucléaire pacifique, a écrit sur X Badr al-Boussaïdi, semblant ainsi satisfaire les deux camps. Selon Kelsey Davenport, spécialiste américaine des questions de prolifération nucléaire, il est difficile d'imaginer que l'Iran accepte des discussions techniques et un nouveau cycle de négociations cette semaine, si les États-Unis exigeaient encore un enrichissement nul de la part de Téhéran. Comme elle, d'autres experts «espèrent que Donald Trump pourra rester cohérent avec son objectif ultime - pas de bombe iranienne dans le cadre d'un accord à venir.

Il a une chance de conclure un accord plus avantageux que celui de 2015, grâce à sa volonté de mettre sur la table un allégement des sanctions, affirme, de son côté, Trita Parsi, spécialiste de l'Iran au Quincy Institute de Washington. Selon lui, l'ouverture du marché iranien aux entreprises américaines est une situation gagnant-gagnant. L'économie iranienne a besoin d'un grand coup de pouce, et les entreprises américaines bénéficieraient de l'accès à ce marché majeur, largement inexploité. La présence d'entreprises américaines sur le marché iranien pourrait également constituer la garantie politique la plus efficace que les États-Unis respecteront l'accord», ajoute-t-il.

Tout en menaçant l'Iran de frappes militaires, Donald Trump a affirmé jeudi qu'il n'était pas pressé de recourir à l'option militaire. «Je pense que l'Iran veut négocier», a-t-il souligné. « Pour éviter une guerre qui menacerait le régime, ses dirigeants sont prêts à des concessions à partir du moment où il conserve certaines capacités d'enrichissement de l'uranium», croit savoir un expert dans le Golfe, familier de la Ré-publique islamique.